Background Newsroom Oreca

Newsroom

Pour accéder à l'espace presse, vous devez saisir le mot de passe dans le champ ci-dessous :

Olivier Beretta : « On est partis de si loin avec la Viper… »

Racing
- 3713 vues
Partager via :

AUTO - 24H DU MANS WEC 2013 Part 1Olivier Beretta est un peu le « Monsieur Viper » de la maison ORECA. Avec cette voiture, il a tout gagné : les 24 Heures du Mans, le FIA GT, l’American Le Mans Series et même les 24 Heures de Daytona au classement général ! De 1996 à 2002, il a défendu sans discontinuité les couleurs du team, étant encore aujourd’hui le pilote qui a participé le plus de fois aux 24 Heures du Mans avec ORECA (7). Toujours en piste outre-Atlantique, le Monégasque revient sur son épopée avec la mythique Dodge Viper, suivie de deux saisons avec la Dallara LMP.

Olivier, te souviens-tu de ta première rencontre avec Hugues de Chaunac ?
« Ça devait être en 1989, après ma victoire en F3 au Grand Prix de Pau. Hugues avait été l’une des premières personnes à me féliciter. Nous nous étions revus ensuite, dans son bureau à Signes, en 1991. A l’époque, nous avions parlé d’un engagement en F3000. Je voulais rejoindre ORECA mais Nelson Piquet m’avait pris sous son aile et c’est lui qui décidait. Il avait finalement créé son team alors que j’avais une préférence pour ORECA. »

Quelle a été la suite ?
« Après ma saison 1994, où j’avais fait 10 grand prix en F1, je me suis retrouvé à pied ou presque en 1995. J’avais seulement fait quelques courses avec Venturi. Hugues a alors sauvé ma carrière. Il m’a lancé une bouée de sauvetage en me proposant d’intégrer le programme Viper. C’est le seul qui m’a donné une chance. J’allais dans l’inconnue parce que mon expérience me limitait à la Venturi et à une participation au Mans avec Courage. Mais j’avais déjà raté l’opportunité de rejoindre ORECA et, cette fois, je pouvais choisir moi-même. Je ne me suis pas posé de questions. J’y suis allé les yeux fermés ! »

Et ce programme Viper est finalement devenu une véritable épopée…
2013_40ans_ItvBeretta_2« Oui mais avant il y a quand même eu beaucoup de travail ! Quand nous avons reçu la Viper, c’était vraiment brut de décoffrage. C’était une belle voiture, avec un gros moteur, il n’y a pas de doute là-dessus. Mais il manquait la fiabilité et beaucoup d’autres choses. C’est ORECA qui a permis à cette voiture d’arriver là où elle est arrivée. Il faut se rappeler qu’à l’époque, c’était la seule auto avec le moteur à l’avant, elle était lourde… Bref, personne n’y croyait. Et nous avons eu besoin de nombreuses séances d’essais et d’une bonne dose de combativité pour y arriver. Au début, nous n’arrivions même pas à sortir du stand. On est parti de si loin… Je suis convaincu que la plupart des teams aurait jeté l’éponge, mais quand Hugues a une idée dans la tête, il est capable de tout. »

Tu ne t’es jamais dit, « qu’est-ce que je fais dans cette galère » ?
« Non parce que j’avais déjà appris à connaître le fonctionnement d’Hugues. Il est passionné et il ne s’engage pas à la légère. Quand il y va, il ne jette pas l’éponge, ne baisse pas les bras. Il nous demandait, à nous pilotes, « comment on va y arriver ». Il s’est battu et il a convaincu Dodge d’apporter les modifications nécessaires. Petit à petit, nous avons progressé, nous avons réussi à rejoindre l’arrivée des 24 Heures du Mans dès la première fois. Tant bien que mal certes, mais c’était important pour convaincre Dodge que ce projet avait un bel avenir. »

A l’époque, avais-tu conscience de la saga que vous alliez écrire ?
« Non pas du tout. Nous ne savions pas où tout cela allait finir. A force de travail, la Viper était devenue imbattable. Quand je dis la Viper, ce n’était pas que la voiture en vérité. Il y avait tous les gens compétents qui travaillaient sur le projet et un chef d’orchestre, Hugues. C’est un super leader, qui parvient à tirer la quintessence des personnes qui l’entourent. Un peu comme un manager en foot, qui arrive à faire la bonne équipe. Il sait composer le team qu’il faut, regrouper des gens autour d’un objectif et les faire travailler ensemble. C’est le meilleur manager que je connaisse. »

Comment vivais-tu cette période ? En 1999, tu remportes les 24 Heures du Mans, l’American Le Mans Series, le FIA GT… Tu gagnais tout le temps !
« C’est vrai qu’on gagnait tout le temps… Ce que je retiens, au-delà des victoires et des souvenirs qui vont avec, c’est la relation fantastique que l’on avait avec mon ingénieur et le super duo que l’on formait avec mon coéquipier, Karl Wendlinger. Arnaud, l’ingénieur, avait compris ce qu’il fallait faire et ce que les pilotes voulaient. A la fin, que ce soit avec lui ou Karl, on ne se parlait quasiment plus tellement on se comprenait naturellement. Tout était parfaitement organisé et je pense que ça a été une des clés de la réussite.
« Plus personnellement, après la traversée du désert que j’avais connu en 1995, c’était forcément agréable d’avoir autant de satisfactions. Et c’était d’autant plus appréciable que j’avais pris part au projet à partir du tout début. Nous avions commencé de rien et on avait fait de la Viper une machine à gagner. C’est le rêve pour tout pilote ! »

GT SRWC DAYTONA 24 HOURS 2000Quelle a été l’apothéose ?
« Je ne vais pas être original en disant les 24 Heures de Daytona. Daytona parce que c’est une victoire au général, et faire avec une GT, face aux protos ou aux Corvette qui étaient vraiment fortes, ce n’était pas rien ! En plus, j’avais la varicelle, entre 39° et 40° de fièvre… Ma chance a été qu’il faisait plutôt froid pour cette édition. Et à chaque fois que j’allais prendre le volant, nous étions en tête ou très proches de la première place : c’était la meilleure motivation possible. Cette course a été fantastique, avec un trio exceptionnel. Dominique (Dupuy) apportait son expérience et sa sagesse, alors qu’avec Karl(Wendlinger), nous étions plus typés « monoplace » et donc portés sur la performance pure même si nous avions un bon bagage en endurance. »

Parmi toutes les victoires, il y a également eu les 24 Heures du Mans à plusieurs reprises en GT. Te rappelles-tu de ta première venue sur la plus haute marche de ce podium ?
« C’est quelque chose qui est assez difficile à expliquer… Sur le moment, on ne réalise pas trop, ou alors en partie seulement. J’étais tellement fatigué. Il faut se souvenir qu’à l’époque il faisait beaucoup plus chaud dans les voitures. Avec le moteur à l’avant, l’air qui arrivait dans le cockpit était presque suffoquant. A la fin de la course, nos pieds étaient remplis de brulures. Nous arrivions épuisé sur ce podium et nous réalisions complètement la chose seulement le lendemain. J’ai eu la chance de gagner plusieurs fois Le Mans et avec le recul et j’ai appris à apprécier pleinement ce moment fabuleux. »

Daytona est un autre mythe, avec une célébration différente de par la victory lane à l’américaine. As-tu vécu le moment d’une manière différente ?
« Complétement ! C’est un instant exceptionnel parce qu’on ne s’y rend pas seul. Tous les mécaniciens, les membres du team sont là avec les pilotes… Et comme nous avions trois voitures, cela fait beaucoup de monde ! C’était une belle récompense pour tous ceux qui travaillaient au quotidien sur ce programme et c’est sympa de partager ce moment ensemble. Un vrai show à l’américaine. J’adore ! »

Après la Viper, tu as poursuivi avec ORECA, mais cette fois avec la Dallara LMP…
AUTO - SPORT FIA BARCELONA 2002« Il s’agit également d’un excellent souvenir. Nous étions un peu le « petit » face aux gros qu’étaient Audi et Bentley. En 2001, je me souviens que nous sommes troisièmes durant la nuit et que notre voiture était plus rapide que toutes les autres. Nous avons manqué le podium suite à un problème de pompe à eau. Mais terminer à la quatrième place, c’était un excellent résultat. La démarche était différente de la Viper, tant au niveau de l’auto où nous avions cette fois l’expérience de Dallara, qu’au niveau budgétaire où on manquait de moyens pour lutter réellement face aux usines. Faire ce qu’on a fait, c’était déjà un miracle ! »

Quelle a été ta dernière course avec le Team ORECA ?
« Ce devait être après les 24 Heures du Mans 2002, peut-être Donington. Pour différentes raisons, le programme s’est arrêté à la fin de l’année et j’ai volé de mes propres ailes, avec Panoz, puis Corvette. Des teams de très grande qualité, mais je n’ai jamais retrouvé  ce que j’ai connu chez ORECA, de même que les relations avec Hugues et mon ingénieur de l’époque. Ce que j’ai vécu était unique. »

Qu’aurais-tu aimé faire de plus avec ORECA ?
« Gagner Le Mans au général, sans aucune hésitation. J’aurais voulu venir au Mans avec la voiture capable de se battre pour s’imposer au général. D’un autre côté, je sais que j’ai déjà eu beaucoup. Beaucoup de belles victoires. Sans Hugues, je ne serais pas en train de faire ce métier. Il m’a permis d’être là où je suis aujourd’hui. Je ne regrette rien. »

Ton chemin recroisera-t-il celui d’ORECA ?
« Nous avons une longue histoire en commun, et si un nouveau projet se présente et qu’Hugues pense que je peux le rejoindre, je reviens ! On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. Etre chez ORECA a été ma plus belle expérience en sport auto et une relation profonde et spéciale me lie à Hugues. Le jour venu, je serais disponible. »

Un dernier mot à ajouter ?
« Oui, une petite anecdote qui m’a toujours fait sourire. Lorsque nous étions en briefing, Hugues nous disait toujours « I will not tolerate any mistake ». Il le disait avec une telle intonation dans la voix que vous n’aviez pas la moindre envie de faire la moindre petite erreur. On savait à quoi s’en tenir. Ses briefings étaient mé-mo-rables ! »

Recherche


     
    041358ccd84aa17f1775d701aaf156a9$$$$$$$$$$$$$$$$$$