Retour sur les 24 Heures du Mans : Murphy Prototypes
Qui veut aller loin ménage sa monture. Murphy Prototypes a fait sienne cette devise lors des 24 Heures du Mans. Sans doute échaudé par son abandon de l’an passé, mais aussi par sa sortie de piste lors de la première séance de qualifications le mercredi, le team irlandais s’est d’abord confié pour mission de rallier l’arrivée. Mais il ne fallait pas voir dans cet objectif un manque d’ambition. Bien au contraire. La cinquième place finale, la meilleure obtenue par l’écurie de Greg Murphy en quatre participations, est là pour en attester.
« C’était la chose la plus intelligente à faire », assure le Français Nathanaël Berthon, l’un des trois pilotes du team, aux côtés l’Indien Karun Chandhok et de l’Américain Mark Patterson. « Nous savions que nous ne possédions pas la voiture la plus rapide du plateau, que nous aurions dû mal à concurrencer les nouveaux protos en performance pure, reprend-il. En revanche, notre ORECA 03R a prouvé toute sa fiabilité au fil des ans. On a misé sur le fait que nous ne connaitrions pas de problèmes techniques, contrairement à nos rivaux, sachant qu’il y avait eu beaucoup d’incidents l’an passé ».
Lui qui court aussi en GP2 cette saison s’est retrouvé au cœur de cette stratégie d’équipe, effectuant plus de la moitié de la course à lui tout seul, « dont quatre relais consécutifs ». « Pendant mes douze heures passées dans la voiture, je n’ai dû la pousser à fond que pendant quelques tours, en faisant également bien attention de ne jamais prendre les vibreurs. Cette optimisation de la consommation nous a permis de gagner au moins deux ravitaillements sur les autres. Dans le même sens, on effectuait trois relais avec les mêmes pneus », explique Nathanaël Berthon.
A l’arrivée, la stratégie a manqué de peu de s’avérer payante. « Pendant plusieurs heures, on s’est retrouvé juste derrière les deux ORECA 05 (de KCMG et Thiriet by TDS Racing, ndlr). On s’est dit qu’il y avait un coup à jouer. Malheureusement, Mark est parti en tête à queue (dans la 20e heure de course) ». Quatrième à cet instant, la Murphy/ORECA 03R n°48 a alors perdu près d’une demi-heure en réparations, rétrogradant en 6e position. « Sans cela, nous aurions sans doute pu conserver notre 4e place, voire obtenir la 3e », admet-il. Sans nourrir d’immenses regrets, car le pilote Murphy avoue s’être révélé particulièrement impressionné par la ORECA 05.
« Sachant qu’il s’agissait de ses premiers 24 Heures, on ne savait pas trop comment elle se comporterait au fil des heures. Mais non seulement, elle s’est montrée très endurante, mais elle est, en outre, allée très vite. Qu’une voiture gagne au Mans pour sa première participation, c’est très rare. Je ne sais même pas si cela s’est déjà produit. Il faut vraiment féliciter les équipes d’ORECA ».
Au rayon « félicitations », Nathanaël tient d’abord, néanmoins, à complimenter son team, « parce que finir dans le top 5 constitue un très bon résultat pour notre équipe, d’autant que Mark (Patterson) est un authentique gentleman driver. Il y a de quoi se montrer fier et heureux ». Fier et heureux, le Français l’est aussi en raison de sa prestation personnelle. « C’est la première fois que je termine les 24 Heures du Mans, j’en suis très content. J’ai désormais ajouté une nouvelle case à mon CV, celle de pilote d’endurance. C’était un défi. Je savais que j’en étais capable, mais maintenant, c’est fait ! ».
Le prochain défi pour lui, comme pour Murphy Prototypes, consistera à « bien finir la saison 2015 en ELMS ». « On a terminé deuxième à Imola. Si nous n’avons pas d’avarie, nous pourrons nous battre avec les meilleurs. Ce serait bien de remporter une victoire, ou au moins de jouer le podium lors de chaque course. En tout cas, je vais tout donner pour l’équipe », promet Nathanaël Berthon, qui dispute sa première saison complète en endurance, en parallèle du GP2, et qui – il le confie lui-même – commence sérieusement à se « prendre au jeu ». Son week-end au Mans ne risque pas de le faire changer d’avis.